Pour l'abolition du paragraphe 129

Les paragraphes 129 et 129 A et 129B permettent d'ouvrir des procédures juridiques et policières pour motifs d'appartenance, de publicité et de soutien à une association criminelle ou terroriste et sont régulièrement appliqués contre la gauche radicale. Ces paragraphes sont des lois d'exception permettant l'inculpation sur la seule base d'appartenance attestée à un groupe qui est considéré en soi comme criminel. Il n'est pas nécessaire de prouver la participation de la personne à un acte criminel précis.
Ce paragraphe anti-terroriste permet des peines de prison jusqu'à dix ans. Il peut néanmoins être considéré comme outil de collecte d'information et d'intimidation dans la main de la police et de la justice. Il permet aux organes étatiques de mettre en place des dispositifs de surveillance massifs comme le quadrillage informatique systématique, l'enregistrement de la communication téléphonique et informatique, l'utilisation des émetteurs pour localiser personnes et voitures, l'installation des caméras devant les appartements des personnes concernées et bien plus pendant des années. Cette surveillance accrue a, et a eu lieu, contre des activistes de gauche, dans le cadre de plusieurs enquêtes actuelles ou closes. Elle a visé par exemple des opposant.e.s au sommet des G8 ou aussi des antifascistes de Bad Oldesloe - des enquêtes qui ont dû être closes sans résultats mais qui ont permis une collection massive d'information concernant les structures de la gauche.
Un procès contre cinq personnes de Turquie a lieu actuellement à Stuttgart-Stammheim qui sont accusées d'apartenir à la DHKP-C (parti/front révolutionnaire pour la libération du peuple). C'est le premier grand procès contre une organisation de gauche qui s'appuie sur le paragraphe 129B, créé en 2001, permettant d'inculper des personnes sur le territoire allemand pour l'appartenance à une « organisation terroriste étrangère ». Ce ne sera certainement pas le dernier procès contre la gauche issue de la migration. Le PKK (partie des travailleurs kurdes) est considéré depuis 15 ans maintenant comme «organisation criminelle », la chaîne kurde de télévision Roj-TV et le journal quotidien Özgür Politika sont interdits en Allemagne.
Procès contre des activistes berlinois, accusés d'appartenir au « Militante Gruppe »
Chronologie
Axel, Oliver et Florian sont accusés d'avoir essayé d'incendier des véhicules de l'armée allemande. Ils avaient étés arrêtés le 31 juillet 2007 et étaient détenus en préventive pendant près de quatre mois. Le mêmejour, Andrej avait aussi été arrêté. Par ailleurs, des appartements et bureaux de trois autres personnes fouillés par la police fédérale. Ces sept personnes étaient inculpés en tant que membres d'une organisation terroriste selon le paragraphe 129 A de la loi allemande, le « Militante Gruppe (MG) ».
Cette organisation relève de la scène autonome berlinoise au sein de laquelle elle a participé en produisant des textes théoriques et d'autres contributions à un débat sur les formes d'actions (« Militanzdebatte »).
Ce « groupe militant » (le vocable « militant » a un sens plus fort en allemand qu'en français, une « action militante » a une dimension illégale et violente) a revendiqué une vingtaine d'incendie d'immeuble ou de véhicules. Ont ainsi été visées:
des entreprises capitalistes comme Daimler-Chrysler à Berlin (juin 2001) et en Brandebourg (avril 2002), ALBA à Berlin (octobre 2003), Deutsche Telekom à Berlin (mai 2004), Lidl à Berlin (janvier 2005), FIAT à Berlin (en solidarité avec les prisonniers des Brigades Rouges PCC), etc.
des organismes du contrôle social comme des Offices sociaux de Berlin (février 2002, mars et septembre 2004), l'Office du Travail de Berlin-Nord (mars 2004), un Office des étrangers (AzylbLG) à Berlin (septembre 2004), le Ministère du Travail et des affaires sociales (avril 2005), l'Agence pour l'emploi de Berlin-Potsdam (avril 2005), etc. des organismes du contrôle social comme des Offices sociaux de Berlin (février 2002, mars et septembre 2004), l'Office du Travail de Berlin-Nord (mars 2004), un Office des étrangers (AzylbLG) à Berlin (septembre 2004), le Ministère du Travail et des affaires sociales (avril 2005), l'Agence pour l'emploi de Berlin-Potsdam (avril 2005), etc. d'autres institutions de l'Etat comme l'Office des finances de Berlin (décembre 2002), l'Institut Allemand pour la Recherche Economique, le DIW (incendié une fois en décembre 2003 et une seconde fois en novembre 2005), le parlement du Land de Brandebourg (avril 2005), etc. des organismes patronaux comme l'Association des investisseur turcs (mars 2006) et la Chambre de commerce italienne (mars 2007, en solidarité avec les prisonniers du Parti Communiste Politico-militaire), etc. la justice, la police et l'armée comme le Haute Cour et le parquet du Land de Saxe-Anhalt à Naumburg/S. (septembre 2003) ainsi que plusieurs véhicules de la police et de l'armée (en 2003, 2005 et 2006), etc. Le 22 août 2007, Andrej fut relâché en premier. À la fin du mois de novembre 2007, Florian, Axel et Oliver furent aussi libérés sous caution.
En liaison avec cette libération, la cour suprême avait décidé que le MG n'était pas une organisation terroriste selon le paragraphe 129A. Des actes terroristes ne seraient que ceux qui « par la façon d'être commis où par ces effets nuiraient de façon considérable un état où une organisation internationale. »
Ainsi, en juillet 2008 Axel, Oliver et Florian furent accusés selon le paragraphe 129, d'avoir participé à une « organisation criminelle". http://grenoble.indymedia.org/2008-12-10-Proces-contre-des-activistes